Un phénomène de société qui est devenu un sujet d’étude. C’est ce lundi que l’université de Nantes lance un Mooc sur l’addiction au numérique. L’occasion pour 20 minutes de faire le point sur ce fléau avec Didier Acier, professeur de psychologie clinique à l’université de Nantes.
Qu’entend-on par addiction au numérique?
Beaucoup de Français ont un usage excessif des nouvelles technologies
et peuvent passer une trentaine d’heures sur les écrans. Mais cela
devient réellement pathologique lorsque la personne devient esclave d’un
logiciel, d’une activité numérique, d’un site, d’un jeu vidéo… On est cyberdépendant lorsqu’on
ne peut plus s’arrêter d’utiliser son smartphone, sa console, sa
tablette, son ordinateur, voire plusieurs de ces objets. Et que cela
devient son unique loisir. Toute la vie personnelle et sociale
s'organise alors autour de cette activité. Pour résumer, l’addiction au
numérique se mesure à la perte de liberté.
Quelle est l’ampleur du phénomène en France?
Il reste rare, puisqu’il concerne 2% de la population française, mais
il risque fort de progresser dans les années à venir avec la
multiplication des objets connectés. Ce fléau s’explique tout d’abord
part la croissance du taux d’équipement en produits numériques dans les
foyers et aussi par l’obsession qu’ont nos contemporains d’être toujours
dans l’action. En attendant le bus, on se connecte à Internet, idem
lorsqu’on est dans la salle d’attente du médecin.
Qui en sont les principales victimes?
Les «digital natives». D’ailleurs,
les 15-30 ans sont plus nombreux à souffrir de cyberdépendance que le
reste de la population française (4%). Notons aussi que ce phénomène qui
était il y a quelques années l’apanage des jeunes garçons jouant trop
aux jeux vidéo, se féminise. Les jeunes filles cyberdépendantes sont
généralement davantage accros aux réseaux sociaux ou à des jeux comme Candy Crush.
Quelles sont les conséquences de cette addiction au numérique?
Chez l’enfant et l’adolescent, elle entraîne un manque de sommeil, un
repli sur soi, une difficulté à se concentrer… Ce qui a des
conséquences sur ses résultats scolaires. Chez l’adulte, elle génère une
forte fatigue, une anxiété, des phases de déprime, un isolement social
et conduit souvent à l’absentéisme professionnel.
Comment savoir si l’on est cyberdépendant?
On peut commencer par arrêter l’utilisation de tout produit numérique
et voir si l’on se sent irritable, si l’on tourne en rond… Le 5
janvier, nous mettrons en ligne un test sur notre Mooc qui permettra à
chacun de faire le point sur son comportement numérique. Pour les
parents, je recommande la lecture de L'enfant et les écrans*
qui permet d’y voir clair sur le sujet. Quand à ceux qui sont
conscients d’avoir une véritable addiction au numérique, je conseille
d’aller consulter un psychologue ou un psychiatre spécialisé sur cette
thématique.
*Avis de l'Académie des Sciences de Jean-François Bach
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